When one lonely star meets another [Wykka]

Je mangeai tranquillement à la cantine, les autres Saiyans autour de moi s'amusaient bruyamment, buvant et bouffant mais... pour une fois ça semblait plutôt calme, il n'y avait que des rires, aucun combat n'avait été déclenché à cause d'un type bourré qui en avait bousculé un autre. Moi, j'observai tout ça dans un coin, mangeant... lentement. J'avais le même cuissot dans ma main depuis au moins dix minutes, ce qui était très lent pour un Saiyan, ma tête reposait sur mon autre main. Ma mère sur Zélod me disait souvent que quand je mangeai aussi lentement, c'était que quelque chose me tracassait.

Je ne savais pas si ça me tracassait mais j'avais bel et bien quelque chose à l'esprit... Ces gens là étaient mon peuple, pourtant je ne me sentais pas chez moi ici. D'ailleurs, est-ce que je m'étais déjà senti chez moi où que ce soit ? Ma maison je l'avais quitté sans remord quand j'étais petit pour explorer le monde, la maison que j'avais construite était la plupart du temps désertée car je partais des semaines entières m’entraîner au milieu de nul part et ma maison actuelle, sur Plant j'y restais uniquement car je ne pouvais pas passer mes semaines dans les salles de gravité.

Étais-je vraiment aussi détaché du reste des gens ? Sur Zélod, je ne détestais pas ma famille, ni mes... enfin, mon amie, ni le reste du village ou le reste de la planète, le jour où « mon peuple » était venu me chercher je me serais volontiers fait tué pour les empêcher de détruire la planète... mais en même temps j'avais énormément apprécié le combat. Cela faisait-il vraiment de moi quelqu'un de bien ? Nous étions apparemment un peuple de guerriers, le combat était dans nos gènes, mais même parmi les Saiyans j'avais l'impression d'être différent. J'étais le seul que je sache, qui avait une telle routine de vie, et aucun ami. Le frisson du combat, la joie de dépasser mes limites, frôler la mort à tout instant, étaient-ce vraiment uniquement ces choses qui faisaient battre mon cœur ?

Tous ces autres Saiyans devant moi, qui riaient et s'amusaient, étaient les mêmes qui massacraient des peuples entiers, parfois par pur plaisir, traitant toutes les autres races comme des sous peuples... pourtant ils s'entendaient très bien entre eux.
Moi-même je commençai à être là depuis longtemps, et pour le moment j'avais réussi à ne pas obtenir de missions d'extermination, mais vu que c'étaient ces missions qui faisaient marcher l'économie j'étais plus ou moins considéré au chômage et je devais donc me démerder financièrement. Heureusement que mon statut d'élite me donnait quelques avantages... Le Roi lui-même était probablement surpris par ma volonté de désobéissance, ce qui d'ailleurs m'avait amené à commencer à cacher ma force.

Mes... supérieurs, commençaient à devenir de plus en plus hostiles à mon égard, je sentais que je devais faire profil bas. Je n'étais pas suicidaire au point de pousser le bouchon jusqu'à affronter le Roi et sa garde. Kodaian avait sûrement eu les mêmes appréhensions que moi, je sentais sa présence sur la planète, mais comme moi, il cachait une bonne partie de sa vraie force que j'avais vu augmenter avec la mienne lors des nombreuses fois où nous frôlâmes la mort à notre dernière mission. J'en avais ramené des cicatrices sur le corps d'ailleurs, nous étions resté longtemps et les blessures avaient guéri avant que je ne puisse aller dans une capsule de soin.

Je soupirai en finissant enfin mon cuissot, mais sans me resservir, je regardai dans le vide, perdu dans mes pensées...